Un appareil photographique est constitué d'une chambre noire et d'un objectif dont le fonctionnement est inspiré de celui de l'œil humain: le diaphragme se règle en fonction de l'éclairage extérieur. Une pellicule photosensible est introduite dans l'appareil, à partir de laquelle le photographe obtient les négatifs (les valeurs sont inversées par rapport à la réalité) qui seront tirés ensuite sur papier, en couleurs ou en noir et blanc. La mode des portraits de famille En dépit des progrès réalisés, l'usage de la photographie est restreinte par le temps de pose de plusieurs dizaines de minutes. Ce sont les portraits de famille, réalisés en studio, qui contribuent au succès de la photographie. Des photographes itinérants permettent à tout un chacun d'exposer fièrement son portrait sur la cheminée, donnant naissance à un nouveau métier. Le processus technique est en effet complexe et fastidieux: il faut installer l'appareil, le régler, contrôler l'exposition et fixer la plaque de verre servant de négatif puis fixer l' image photographique.
Chacun voulait copier la vue qui s'offrait de sa fenêtre ». Le succès du daguerréotype Le succès du daguerréotype rejeta dans l'ombre les autres procédés. Talbot poursuivit néanmoins ses recherches et mit au point le calotype, lui permettant de tirer plusieurs épreuves positives. La photographie bascula ainsi dans l'ère du multiple. Le daguerréotype n'admettait en effet la création que d'exemplaires uniques. Le recul des daguerréotypes s'amorça à partir des années 1850 avec le perfectionnement des surfaces sensibles grâce à l'utilisation du collodion humide, puis du gélatino-halogénure d'argent. Les objectifs devinrent de plus en plus performants, tandis que la photographie couleur connaissait ses premiers développements techniques avec deux inventeurs français, Louis Ducros du Hauron et Charles Cros. En 1841, le britannique William Henry Fox Talbot invente le négatif positif, qui permet la multiplication des tirages. Ces deux découvertes constituent l'aboutissement de recherches optiques commencées à la Renaissance italienne (caméra obscura, ou « chambre noire ») et d'études chimiques sur la sensibilité à la lumière des sels d'argent.
Le XX e siècle culturel s'ouvre sur un objet: un urinoir, signé d'un pseudonyme, rebaptisé Fontaine et exposé en 1917 par le dadaïste Marcel Duchamp. La photographie qu'en prend Alfred Stieglitz bouleverse le monde des arts. Provocant l'ordre bourgeois, ce ready made (objet courant voire trivial érigé en œuvre d'art par le seul fait de son exposition délibérée) annonce les mutations du siècle nouveau: rejet des sujets conventionnels de l'art, lecture multiple de l'objet (formelle, sémantique), place prépondérante de ce dernier dans le paysage visuel de l'entre-deux-guerres, renouvellement du langage artistique par l'usage, entre autres, de la photographie. Après la Première Guerre mondiale en effet, s'inaugure une ère nouvelle, résolument industrielle et technique, faite de consommation de produits manufacturés. Des artistes d'avant-garde s'emparent alors du médium mécanique – et donc moderne – de la photographie pour renouveler le discours artistique, culturel et social de leur temps, en inventant des formes nouvelles, détachées des conventions picturales héritées du siècle précédent.