Comment Faire Une Coupe En Sifflet

Crédit photo: Jean-Louis Fernandez Le Goût du faux et autres chansons, mise en scène de Jeanne Candel de La Vie brève Jeanne Candel et son équipe nombreuse de la compagnie de la Vie brève a l'art d'accomplir, en matière de création, un travail rare de recherche et de laboratoire. Le Goût du faux et autres chansons | théâtre Garonne | Saison 2014/2015. Figure emblématique – discrète et sûre -, à l'écoute des uns et des autres qui se révèlent sur le plateau des personnalités fortes et singulières, la metteure en scène tisse en aparté une toile scénique d'un fil précieux autant que solide qui fabrique la matière arachnéenne d'un spectacle fin, léger et volatile, qui avance en compositions éclatées, des « constructions post-dramatiques » qui ne reconnaissent ni situations identifiables, ni personnages scéniques, ni drame classique. Les acteurs sont impliqués dans le processus d'écriture et improvisent durant les répétitions en direct, ou bien inventent des scènes à part qu'ils partagent ensuite devant le groupe. Après la découverte, entre autres mises en scène, de Robert Plankett (2010), de Some kind of monster (2012) et depuis la révélation du Crocodile Trompeur/Didon et Énée d'après l'opéra de Purcell et d'autres matériaux avec Samuel Achache (2013), pour lequel elle reçoit le Molière du théâtre musical 2014, Jeanne Candel compose ses spectacles avec la présence de la musique.

Le Gout Du Faux Et Autres Chansons 3

Restriction raisonnante et en l'occurrence raisonnable: Le Goût du faux déploie quelques fulgurances théâtrales sans bénéficier de l'homogénéité ou de la densité dont peut se targuer Le crocodile trompeur alors même que les deux spectacles sont très difficilement racontables, surtout si on ne s'est pas donné la peine d'éplucher les dossiers de présentation qui sont particulièrement fournis en raffinement culturel. Exit donc la foultitude de ces infos à la lecture desquelles on croirait qu'on va se taper une visite dans un musée ou dans un UFR de philosophie (youpi!!! hu hum) et place à la représentation. Le Goût du faux est donc une performance aussi joyeusement foutraque que son prédécesseur mais plus inégale. Le gout du faux et autres chansons 3. Les solos qui semblent tenir lieu d'interludes entre des scènes plus conséquentes paraissent en effet dispensables si on considère la durée du spectacle (2h20… tout de même! ) et surtout l'efficacité de certains passages. Parmi ces pics je retiendrai assurément l'apéritif entre un écrivain acariâtre et sa sœur qui est d'un tempérament complètement opposé et qui est de surcroît ravie de lui présenter son nouveau compagnon.

Il y a un côté volontairement foutraque, désordonné à l'image du plateau encombré d'un bric-à-brac digne d'un inventaire à la Prévert; des éléments de cuisine cohabitent avec une énorme poulie en bois; de très beaux dalmatiens montent la garde tandis qu'à l'avant-scène s'anime un tableau vivant inspiré de la peinture flamande; un trio de musiciens commentant eux-mêmes la toile où ils sont représentés, avec références artistiques et bibliques, dans une scène, récurrente, particulièrement réussie. Ainsi se succèdent des scènes illustrant la question existentielle qui préside au spectacle, où l'on croise, entre autres, un écrivain alcoolique et dépressif, des cosmonautes en mission qui dialoguent avec la terre à l'occasion de la fête de Noël (où ils apprennent que s'ils ne prennent pas de calcium, ils urineront leur masse osseuse et reviendront sur terre invertébrés... ), une présentatrice de show à l'américaine affublée d'un drôle de traducteur, une furie mâtinée de Médée ou de Io, ou les deux.